TEXTE N°2

ESSAIS DE MONTAIGNE, I, 26.

1)      La situation d’énonciation

Cours précédent

2)      Explication linéaire visant à comprendre la méthode d’enseignement proposée par l’auteur et la façon dont il la défend.

*§1 :

-         Ce qui frappe d’abord c’est l’ordre inhabituel des éléments de la phrase. Attachons-nous donc en premier lieu à les remettre dans l’ordre :

« je voudrais qu’on fût soigneux de lui choisir… »

Þ Je voudrais qu’on fût soigneux de choisir à un enfant de maison qui recherche les lettres un conducteur…

Le complément d’objet indirect était antéposé, ce procédé permet à l’auteur de mettre en valeur la place de l’enfant dans son système éducatif.

-         L’auteur précise d’emblée ses objectifs en matière d’éducation. Pour cela, il commence par rejeter l’aspect utilitaire de l’éducation (gain, commodités externes) pour lui préférer un aspect plus personnel (s’en enrichir et parer au-dedans). Ainsi, pour un gentilhomme destiné au métier des armes, à la politique et à la diplomatie, l’éducation doit viser une solide culture générale et une formation du jugement (habile homme). Ces idées renvoient à l’idéal de l’honnête homme, très présente après Montaigne, au XVIIème siècle, à savoir un homme qui concilie mondanité et moralité, fait preuve de civilité et d’élégance, possède culture et mesure.

-         Ensuite, Montaigne souligne l’importance du choix du maître. Pour ce faire, il oppose quantité et qualité :

La quantité est rejetée (savant, tête bien pleine, science)

La qualité est retenue (habile, tête bien faite, morale et intelligence)

-         Enfin, il insiste sur la modernité de sa méthode d’enseignement avec l’adjectif « nouvelle », mis en valeur par sa place en fin de paragraphe et dont l’idée est reprise plus loin avec le verbe « corriger ».

*§2 :

-         L’auteur commence par montrer le contre modèle :

Avec l’image fermière du gavage des volailles (connotation négative) :

« criailler » = 1- crier beaucoup et le plus souvent pour rien

2- crier pour l’oie, le faisan, le paon, la pintade

« entonnoir » : idée d’un gavage, c’est-à-dire l’alimentation de force des volailles en leur introduisant de la nourriture jusqu’au fond du gosier ; idée d’un bourrage de cerveau

Avec « redire ce qu’on nous dit », la reprise du verbe dire illustre la répétition et la pauvreté de l’enseignement (pauvreté du langage utilisé)

-         Le changement radical est introduit par le verbe « corriger » qui illustre la pédagogie de Montaigne qui utilise des termes du vocabulaire scolaire pour exprimer ses idées sur l’éducation.

-         Par opposition avec la méthode précédente, celle de l’auteur est illustrée par de nombreux verbes.

-         D’autre part, dans son exposé, on trouve deux images très parlantes :

La métaphore cavalière, métaphore filée puisqu’on la retrouve dans le paragraphe suivant, elle témoigne de la relation maître-élève, qui correspondrait à la relation entre un cheval et son maître de manège avec un cheval qu’il ne faudrait pas brider.

L’image du chemin pour insister sur l’importance du rythme propre à respecter chez chaque enfant.

-         Enfin, on a le recours à l’argument d’autorité pour appuyer le propos. Il s’agit ici :

De la mention des philosophes grecs, Socrate et Arcésilas, connus pour leur pédagogie différente (la maïeutique de Socrate, art de faire accoucher les esprits)

De la citation latine, empruntée à Cicéron.

*§3 :

-         La métaphore cavalière se poursuit donc (trotter, train, allures), elle permet de faire voir la réalité au lecteur de façon saisissante.

-         On note l’emploi du verbe « gâter » dont le sens négatif est renforcé par sa présence dans une phrase courte.

-         Montaigne insiste dans ce paragraphe sur l’importance de se mettre au niveau de l’élève.

*§4 :

-         C’est l’exposé de la méthode médiévale qui repose sur :

l’enseignement des techniques d’argumentation

                          de la grammaire (étude du latin)

                          de la théologie (étude des commentaires plus que de la Bible).

-         Le propos est péjoratif d’entrée de jeu avec « ceux qui… »

-         On voit que l’accent est mis sur les cours collectifs et le peu de résultats qu’ils obtiennent avec l’opposition entre « d’une même leçon et pareille mesure de conduite » et « plusieurs esprits de si diverses mesures et formes ».

-         D’autre part, on note le changement radical dans la relation maître-élève avec les termes « régenter » et « peuple » qui renvoient à la royauté donc à un rapport de supériorité, même de dominance autoritaire.

*§5 :

-         Il y a une opposition totale avec le paragraphe précédent.

-         Montaigne rejette la récitation pour lui préférer le réinvestissement des connaissances dans les choses de la vie.

-         La relation maître-élève est encore au centre avec l’idée que le maître est aussi le juge de l’élève avec l’évaluation

Conclusion :

L’adhésion du lecteur se fait parce qu’il s’attache au dynamisme de la réflexion.

Pour défendre ses idées, Montaigne réfute celles de ses adversaires par une opposition systématique, l’emploi de termes dépréciatifs et la mise en valeur de l’absence de résultat de leur méthode.