MODULATIONS SUR LE TITRE

« L’Etre ! Comment le nommerai-je ? L’Invisible.

Non, cela ne suffit pas. Je l’ai baptisé le Horla. Pourquoi ? Je ne sais point. »

Mot-clé

Explication

Justification

Zola

Premier miroir du mot Horla. Le portrait de Zola :

« Agé de quarante ans à peine, il était de taille moyenne, assez gros et d’aspect bonhomme. Cette tête ronde et forte était bien celle de son nom, rapide et court, aux deux syllabes bondissantes dans le retentissement des deux voyelles. »

Maupassant, « Les Dimanches d’un bourgeois de Paris », in Contes et Nouvelles

Orla

Anecdote : Sur la Côte d’Azur, de riches Russes admiraient Maupassant dont ils connaissaient Mont-Oriol. Or, en russe, Oriol signifie aigle et devient Orla à l’accusatif. Ils auraient donc désigné ainsi Maupassant.

Cf. Mansuy, L’Intermédiaire des chercheurs et des curieux du 20 juillet 1901.

Lahor

Pseudonyme de Henry Cazalis (1840-1909), médecin, ami intime de Maupassant et poète symboliste, auteur d’une « Rêverie Panthéiste » où l’on rêve d’être « fleur, plante, oiseau qui vole !… » Ce renversement de nom ne signalerait-il pas celui de la relation soignant/soigné ?

Cf. André Targe, « Trois apparitions du Horla », Poétique.

Choléra

-          L’arrivée du Horla ressemble à celle d’une épidémie de choléra : agent de contamination = la mouche , agent de propagation = le bateau

-          Le choléra est décrit comme un Horla :

- Comme le Horla, il incarne un rêve de libération par volatilisation : l’Esprit est libéré.

-          « Vers onze heures, un long convoi de navires, traînés par un remorqueur, gros comme une mouche, et qui râlait de peine en vomissant une fumée épaisse, défila devant ma grille. »

-          le choléra est un « être inexprimable et terrible venu du fond de l’Orient », un « Esprit qui tue, et qu’on sent partout présent, invisible, menaçant, comme un de ces anciens génies du mal que conjuraient les prêtres barbares »( La Peur ).

- Dans le Bûcher, le corps d’un prince indien , mort à cause du choléra, est purifié par le feu avant d’être dispersé au vent.

Horlaville

C’est le nom de Césaire Horlaville, un protagoniste de Toine, une nouvelle de Maupassant qui se déroule en Normandie. De surcroît, ce terme a un sens référentiel :

« Point n’est besoin de s’interroger sur la signification de ce terme (Horla) ; il veut dire « celui qui vient d’ailleurs », le « horsain » (étranger) du dialecte normand. Le patronyme Horlaville est des plus fréquents en Normandie. » (Marie-Claire Bancquart)

Laure

Anagramme de Laura, forme de Laure, prénom de la mère de Maupassant

Cf. Antonia Fonyi, « Notes » du « Horla »

Horka

C’est le mot égyptien pour Saturne.

La vulgarisation scientifique était alors à la mode : l’astronome Camille Flammarion avait ainsi émis l’hypothèse que les habitants de Saturne étaient transparents.

Maupassant était épris d’astronomie :

« Un matin, Monsieur vient accrocher dans la cuisine un planisphère céleste ; tout en le faisant mouvoir, il me donnait la description de la marche du ciel, nommant par leur nom les principales étoiles… » (propos de son valet Tassart, 1887).

Hors là

L’être inconnu est à la fois présent (là) et extérieur (hors) voire absent. Il est donc bien l’insaisissable.

« Mais le Horla n’a pas de nom. Celui que le narrateur lui donne résulte de l’impossibilité de le nommer dans le langage des hommes, de le situer (hors ou là) dans l’espace qui crée les distances et confirme les identités. »

Max Milner, La Fantasmagorie. Essai sur l’optique fantastique